[...] Je pars vers un inconnu, incertaine de boucler cette boucle de 1200 km, mais une lueur d'espoir scintille. Je me lance à la recherche de ce quelque chose qui pourrait me réconcilier avec moi-même, avec la vie. [...] Le manque d'assurance du débutant devant cette marche au long cours se mélange à ma volonté et mon courage presque démesurés tant je désire surpasser ce manque de confiance qui inhibe mon épanouissement intérieur. [...]

[...] Je regarde le comportement des Henro qui réalisent cette grande boucle en bus. Ils trottinent du hondô au daishidô, ils récitent leurs sutras du cœur quelque peu à la hâte. Je ne les blâme pas, car je sais que pour eux ce pèlerinage est organisé et leur temps est compté. J'ai beaucoup de considération pour ces personnes. Je sais très bien que le bus ou la voiture est leur seule alternative. [...]

[...] Je n'ose pas balancer l'énorme poutre en bois qui sert à faire raisonner l'imposante cloche en fonte. Je crains de froisser cet apaisement qui se répand en moi tel un flux suave dans lequel se baigne mon âme. [...]

[...]Tout à coup, je me retrouve en face de Kôbô Daishi représenté par une statue colossale, protégée par un gigantesque et somptueux camphrier. [...] Ce tableau magistral impose le respect. Je ressens à mes côtés comme une présence rassurante et apaisante. Il se dégage de cet endroit quelques mystères impénétrables. [...]

[...] Cette route rectiligne est interminable. J'ai beau scruter loin devant moi, mon regard ne peut que se poser sur une perspective désagréable et ennuyeuse. Des entreprises, des magasins, des restaurants la bordent, attirant les clients par leurs enseignes lumineuses. Les panneaux publicitaires agressent de toutes parts par leurs formes, leurs grosseurs, leurs couleurs. [...]